Au printemps de l'année 1932 l'Union des anciens combattants de Gallipoli qui occupait depuis plusieurs années une annexe dans la cour d'une maison située au 81 de la rue Mademoiselle dans le XV arrondissement déménagea dans un nouveau local qu'ils avaient loué très loin du précédent.
C'est donc là aussi qu'on transporta l'église ambulante de l'Union qui subvenait aux besoins religieux non seulement des membres de l'Union, mais aussi au fort grand nombre de Russes en général demeurant dans le XV arrondissement.
Bientôt parmi ces paroissiens se détacha un groupe qui se donna pour tâche d'établir dans leur quartier une nouvelle église.
En juillet de cette même année 1932 ce groupe, sous la direction de l'ancien recteur de l'église des Gallipoliens, l'archiprêtre Birioukov, de V.P. Taranovski, de V.P. Sialski, et de A.G. Popov, s'adressa à Son Eminence le Métropolite Euloge et le pria de leur donner sa bénédiction pour l'organisation d'une paroisse et l'édification d'une nouvelle église, et de les autoriser de plus à recourir à une collecte des fonds nécessaires pour réaliser ce projet.
Cette requête fut suivie le 21 juillet d'une autorisation de l'administration diocésaine et de la bénédiction de Son Eminence.
Cependant, trouver un local qui convienne pour l'aménagement d'une église s'avéra une tâche extrêmement difficile. De plus, le père Porphyre Birioukov, nommé recteur d'une paroisse à Lyon, partit peu de temps après. Et la collecte de fonds se faisait mollement.
Du fait de ces circonstances, l'idée d'établir une nouvelle église tomba dans l'oubli pour longtemps.
Au début de mai 1933 l'archiprêtre Dimitri Troïtski, recteur de l'église des Gallipoliens, remarqua à son tour que les Russes, en grand nombre dans le XVe arrondissement, se trouvaient depuis plus d'un an privés d'un lieu de culte pas trop éloigné et que certains d'entre eux de ce fait en dépit de leurs convictions étaient obligés de fréquenter l'église de la rue Petel qui se trouvait en dehors de la juridiction du métropolite Euloge.
Estimant, tout comme le groupe qui en avait eu l'idée et que nous avons cité précédemment, que pour établir une nouvelle paroisse et une église il fallait avant tout avoir un local, le père Troïtski, qui s'était lui aussi vite rendu compte de l'impossibilité de trouver une maison indépendante ou un garage qui conviendrait pour y installer une église, en vint à la conclusion que l'unique possibilité d'établir une église dans le XVe arrondissement était de le faire dans une baraque
située dans la cour d'un foyer d'étudiants (91 rue Lecourbe ) rattaché au Comité d'Aide aux étudiants russes.
Après en avoir discuté avec le président de ce Comité M. M. Fedorov et obtenu son plein consentement à disposer (en outre gratuitement) d'une baraque pour y aménager l'église, le père D. Troïtski, sans tarder, présenta un rapport à Son Eminence le Métropolite et sollicita la permission de convoquer une réunion afin de choisir les personnes susceptibles d'exercer une fonction dans la future église»
Le 21 mai 1933, répondant à l'invitation du pères D. Troïtski, se rassembla un groupe de personnes (43) particulièrement intéressées par la création de la nouvelle église. M. M. Fedorov, qui présidait cette réunion, confirma d'abord son consentement à céder gratuitement la baraque pour y établir une église, puis il souligna dans son préambule la piteuse situation matérielle du Comité d'Aide aux étudiants et exprima l'espoir que le futur Conseil Paroissial en tiendrait compte et accorderait au Comité, dans la mesure de ses possibilités, des moyens pour faire face aux dépenses poux l'entretien du foyer.
Ayant reconnu à l'unanimité qu'il était indispensable de créer une nouvelle église dans le XVe arrondissement et admis que la baraque proposée par M. M Fedorov ferait parfaitement l'affaire, l'assemblée exprima le souhait qu'on entreprenne au plus vite les travaux nécessaires pour y aménager l'église.
A cette même réunion, le père D. Troïtski informa l'assistance que quelqu'un lui avait promis un prêt de 700 francs, sans intérêts et avec des facilités de remboursement, et d'autre part qu'il disposait d'un modeste choeur d'église sous la conduite d'une personne tout à fait expérimentée et qu'il connaissait bien, E.A, Varenova.
L'entretien de la future église, d'après les indications du père D. Troïtski, serait assuré par les recettes du comptoir des cierges et les cotisations des paroissiens. A la demande de l'assemblée, c'est N.V. Globa, ancien directeur de l'Institut d'Art Stroganov à Moscou, qui se chargea d’agencer l'intérieur de la baraque en y imprimant la beauté et la spiritualité d'une église. Une collecte effectuée à la fin de la réunion du groupe pour couvrir les dépenses à venir donna 400 francs.
Après la communication du procès-verbal de la réunion au Conseil Diocésain et à son Eminence le Métropolite le 31 du même mois, la résolution fut prise de confier la mission à l'archiprêtre Troïtski d'organiser une paroisse et de convoquer la première Assemblée Paroissiale, en indiquant que l'église nouvellement créée serait consacrée à la mémoire de Saint Séraphin de Sarov.
Le 7 juin 1933 l'archiprêtre Troïtski, avec la permission de son Eminence le Métropolite, reçoit déjà de l'administration diocésaine pour l'église édifiée l'antimension et (provisoirement) les vases sacrés.
Le 11 du même mois de juin a lieu la première assemblée paroissiale, au nombre de 39 personnes. En qualité de président, l'archiprêtre D. Troïtski, après avoir en quelques mots mis l'assemblée au courant des problèmes concernant l'édification de l'église, propose, étant donné que les personnes rassemblées ne se connaissent pas très bien, de procéder aux élections à vote secret, et demande qu'on prenne en considération les candidats qui s'étaient proposés lors d'entretiens qu'il avait eu avec diverses personnes.
Suivant l'ordre des élections, le père D. Troïtski propose d'élire curateur de l'église M.M. Fedorov qui a réussi à faire avancer la question de l'installation de celle-ci qui était au point mort.
L'assemblée adapte à l'unanimité les deux propositions et c'est aussi à l'unanimité qu'elle élit les personnes proposées par le président aux fonctions suivantes :
Marguillier : moi-même (M. N. Lioubimov)
Ses aides : B.N. Bourykine
G.P. Piatakov
Membres du Conseil Paroissial :
A.P. Bogaïevaki (qui est élu vice- président)
I.G. Akoulinine
N.V. Globa
B.A. Ochmianski
K.M. Orlov
A.G. Popov
V.E. Rouban
B.P. Khorochkine
G.G. Chkliaver
A la Commission de contrôle :
A.V. Tcheriatchoukine (qui en est élu président)
S.S. Davydov
V.A. Karpov
Délégué à l'Assemblée diocésaine t A.P. Kalitinski
La dernière résolution du premier Conseil Paroissial fut de fixer le jour de la consécration de l'église - le dimanche 2 juillet 1933.
Toutes les dates citées montrent concrètement que durant une année entière on n'arriva pas à faire avancer le projet d'établir une nouvelle église, et qu'ensuite en 2 mois seulement l'énergique père D. Troïtski réussit non seulement à trouver un local, mais aussi à rassembler autour de lui un groupe important de gens prêts par leur soutien efficace et leur travail personnel à contribuer à l'établissement de l'église et même à exécuter les travaux indispensables pour faire de la baraque une église.
La baraque, cédée pour l'aménagement de l'église, était la plus grande des annexes du foyer d'étudiants. Entre la baraque et la maison s'étendait un terre-plein assez vaste en terre battue recouverte de sable... Le long d'un mur de pierre qui nous séparait de la propriété voisine poussaient des grands arbres. Deux grands érables s'élevaient dans la baraque prévue pour l'église et passaient à travers le toit. Un de ces érables se trouvait dans la partie destinée au sanctuaire, l'autre était à l'intérieur de la partie centrale de l'église près du mur, en face de l'entrée du milieu. La présence de ces vieux érables dans l'église ne pouvait pas ne pas lui donner, évidemment un caractère quelque peu inhabituel.
La baraque mesurait un peu plus de 12 mètres de longueur, 3,5 maires de largeur et un peu plus de 2,5 mètres de hauteur. Elle était vieille, assez sombre, avait une porte d'un seul panneau au milieu et deux petites fenêtres de chaque coté; Le sol, le plafond et les murs étaient en mauvais état et nécessitaient de grosses réparations. Il fallait faire de nouvelles portes plus larges à la place d'une des fenêtres et à la place de la porte existante, au contraire, mettre une fenêtre. Il était également indispensable de surélever un peu le plancher dans la partie qu'occuperaient le sanctuaire et l'ambon. En fait, on s'était attaqué à tous ces travaux tout de suite après le premier entretien de l'archiprêtre D. Troïtski avec M. M. Fedorov à propos de l'aménagement d'une église dans la baraque. La décision du Conseil Paroissial de commencer immédiatement les travaux ne fut, de ce fait, que la validation de ceux-ci.
Sollicité par l'archiprêtre D. Troïtski et M. M. Fedorov, je me chargeai de la surveillance des travaux. De toutes façons, étant donnée mon élection comme marguillier de l'église, ce contrôle m'incombait du seul fait de ma fonction.
Le conseiller le plus précieux pour les travaux du domaine technique était l'ingénieur B.A. Ochmianski. Il ne limitait pas sa coopération aux seules directives, à savoir ce qu'il fallait faire et comment, mais dans de nombreux cas, recherchait lui-même les ouvriers indispensables et les matériaux nécessaires en assurant, dans certains cas, leur paiement.
Un des premiers travailleurs volontaires fut V.E. Rouban qui se mit aussitôt à rénover le plafond et les murs. C'est encore lui qui, par la suite, replâtra et peignit les murs, fit la décoration de l'iconostase et une partie des peintures murales.
Comme on l'a mentionné plus haut, c'est N.V. Globa qui se chargea du travail de donner à la partie intérieure de la baraque un aspect digne d'une église.
Etant déjà, à cette époque, d'un âge avancé, et, estimant, comme il l'avait répété plus d'une fois, que son oeuvre dans l'église Saint Séraphin serait la dernière de sa vie, N. V. Globa s'investit dans ce travail en montrant un intérêt exceptionnel et une grande passion, s'étant donné pour but de perpétuer dans tous les travaux intérieurs et dans l'équipement de l'église en objets et ustensiles propres au culte, le style de l'art ancien religieux et russe.
C'est M.V. Globa qui conçut l'ornementation de l'iconostase, la peinture des murs, le dessin de la croix de l'autel, du chandelier à sept branches, du tabernacle, des icônes du sanctuaire, des bannières, de l'épitaphion, des nimbes des icônes et des couronnes de mariage, du chandelier pascal à trois branches, de l'armoire pour l'icône de Saint Séraphin de Sarov, des cadres pour l'icône du même saint sur un lutrin, pour l'icône de Saint Nicolas le Thaumaturge, et pour celle de Saint Serge de Radonège; c'est également d'après ses dessins que fut confectionné le premier vêtement de prêtre, ainsi que des voiles pour l'autel, la table de préparation, les lutrins, la table des panykhides.
En dehors de la composition des dessins N.V. Globa surveillait continuellement l'exécution de tous les travaux et intervenait même dans certains d'entre eux.
Comme tout travail dans l'église qui touchait au domaine artistique était pris en main par ce grand connaisseur de l'art populaire russe en général et de l'art religieux en particulier, l'accomplissement des travaux fut marqué par un élan artistique général et cela donna à l'église une intimité empreinte de spiritualité particulière. Cela fut particulièrement remarqué par le Conseil Paroissial et l'Assemblée Générale de la Paroisse (en 1934) qui exprimèrent le voeux de conserver à l'église cette qualité.
Au moment même où commencèrent les premiers travaux pour aménager la baraque, le père D. Troïtski soutenu par N.V. Globa passa une commande au peintre d'icônes P. A. Fedorov afin qu'il exécute les grandes icônes du Sauveur et de la Mère de Dieu, des saints Archanges Michel et Gabriel, six petites icônes des douze très grandes fêtes pour l'iconostase, des quatre évangélistes et de l'Annonciation pour les Portes Saintes. Six autres icônes des douze grandes fêtes furent prises parmi de magnifiques reproductions d'icônes anciennes offertes à l'église par le professeur A.P. Kalitinski.
Au même moment aussi le chef de choeur E.A. Varenova répète sans relâche, avec son petit choeur, les chants liturgiques, et l'archiprêtre D. Troïtski, toujours plein de zèle, récolte en divers endroits des livres liturgiques, incite I. T. Tychenko à devenir sous-diacre, parlemente avec le prince Poutiatine pour qu'on accorde à l'église le droit de vendre de petites icônes qu'il avait préparées de Saint Séraphin de Sarov et d'autres saints. Et en même temps, le père Troïtski reçoit du prince Poutiatine, pour les mettre dans le sanctuaire, des représentations (sur cartons) de la Sainte Trinité, du Seigneur Tout Puissant, de la Résurrection du Christ, des Évangélistes, du Saint martyr Georges le Victorieux, de l'Annonciation.
K. A. Polovtsev, le secrétaire général du Comité d'aide aux étudiants, s'étant chargé des travaux de charpenterie et menuiserie nécessités par l'installation de l'iconostase, de l'autel, de la prothèse et des lutrins, se mit à l'oeuvre aussitôt qu'on eût pris la décision d'installer l'église dans la baraque.
Je venais sur les lieux des travaux tous les jours et quelquefois deux fois par jour pour surveiller leur exécution. Il n'arrivait de discuter avec l'ingénieur Ochmianski, N.V. Globa et d'autres personnes occupées par tels ou tels travaux pour l'église. C'est à moi qu'incombait aussi l'achat des matériaux et le règlement des comptes avec les ouvriers salariés.
Des dons de toutes sortes commencèrent à arriver dès les premiers jours où l'on entreprit des travaux. Comme nous l'avons mentionné plus haut, par A.P. Kalitinski furent offertes des reproductions d'anciennes icônes exécutées avec art (édition de l'Institut Archéologique K.Kondakov à Prague ) par I, N. Guermanova un rideau pour les Portes Sainte et dans un précieux tissu oriental un voile pour l'autel; V.A. Ochmianski fit don de quatre chandeliers pour les icônes et d'un grand mobile; comme don de M.M. Fedorov une icône sur un lutrin de Saint Nicolas le Thaumaturge, de E.N. Tolli une grande icône de Saint Séraphin; de mon épouse et moi-même une grande icône de Saint Nicolas le Thaumaturge et une petite icône de Saint Séraphin dans un cadre d'argent (on l'a mise sur le tronc de l'arbre dans l'église) ; de E.S et S.M. Kalouguine une icône du Sauveur (qui se trouve sur un lutrin) et de la Mère de Dieu (petite) dans un cadre d'argent; de madame Leidemioust une icône de la Mère de Dieu (pour un lutrin) dans un cadre d'argent; de madame Varenova une veilleuse en argent; on reçut de diverses personnes beaucoup de torchons, serviettes et autres petites choses nécessaires pour le ménage de l'église.
B.I. Khorochkhine fit don d'un compteur électrique dont l'installation ainsi que la réfection de tout le circuit électrique dans l'église fut assurée tout à fait gratuitement A.D. Slessarev. Par la suite ce dernier fit à son compte la croix de petites lampes électriques qu’on accroche au dessus de l'entrée de l'église la nuit de Pâques.
Les motifs au pochoir réalisés sur les tissus pour l'autel, la prothèse, les lutrins et la table des panykhides sont l'oeuvre bénévole de N.S. et S.S. Davydov et de A.G. Sabo. Les travaux de couture de ces tissus furent aussi exécutés gratuitement par D.S. Troïtski en collaboration avec V.G. Strokatch et avec mon épouse.
Pendant un certain temps le manque de moyens suffisants pour faire des vêtements sacerdotaux sur le compte de l'église, l'archiprêtre D. Troïtski célébra la liturgie dans ses propres vêtements (verts).
Les premiers vêtements sacerdotaux pour le prêtre furent confectionnés trois mois après la consécration de l'église. Ils furent faits gratuitement par N.S. et S.S. Davydov. Les vêtements qu'on fit ensuite étaient cousus dans des tissus offerts; ceux du Grand Carême ( pour le prêtre, l'autel et la prothèse, étaient en velours noir, offert par E.V. Krivochéine; il y en avait deux en bleu foncé pour le prêtre un pour le sous-diacre dans un tissu offert par E.P. Kamenskaïa; un mordoré don de madame Berg; les parements d'autel pour Pâques furent offerts à l'église par le prince Arbelovoy; le rideau blanc de Pâques sur les Portes Sainte fut un don de la Stoïki-Radilenko. La confection des vêtements bleu foncé est due à des soeurs de la Communauté rattachée à l'église, les autres sont l'oeuvre de D.S.Troïtski.
M.V. Depré, M.A. André, N.A. Pouchkov, madame Demidova, la baronne Tipolt, L.A, et K.E. Zamen offrirent des tapis à l'église.
Afin d'attirer l'attention sur l'église nouvellement créée, on fit insérer deux fois (17 et 28 juin 1933) dans le journal russe "Renaissance'', (Vozrozdenijé) publié à Paris, des entrefilets avec appels de dons afin de pourvoir au .nécessaire de l'église.
Pour le jour de la consécration de l'église, le plafond et les murs de la baraque étaient peints, les nouvelles portes posées, les fenêtres modifiées, et l'iconostase était prêt à recevoir sa décoration, le sol du sanctuaire était surélevé et couvert de feutre et dans l'église de tapis de corde, aimablement cédés par A.S. Matveïev, le marguillier de la cathédrale Alexandre Nevski.
REMARQUE : Des chutes de feutre et de tapis de corde de la cathédrale furent conservées en quantité suffisante pour recouvrir le plancher de la baraque.
Des icônes commandées au peintre P.A. Fedorov pour ce jour, seules deux étaient peintes ; le Sauveur et la Mère de Dieu pour l'iconostase» Sur les murs latéraux étaient accrochées de grandes icônes de Saint Séraphin de Sarov et de Saint Nicolas le Thaumaturge, oeuvres du même P.A Fedorov.
Sur les Portes Sainte furent provisoirement, mises des représentations de l'Annonciation et des Évangélistes, peints sur carton.
La veille de la consécration, pendant les vigiles, l'église était bondée de fidèles dont beaucoup, en fait, n'espéraient plus la création d'une nouvelle église.
Le 2 juillet 1933, au jour désigné par la première Assemblée Générale, son Eminence le métropolite Euloge, dans une concélébration avec l'archiprêtre D. Trotski et l'archidiacre de la cathédrale N. Tikhomirov, accompagnés par le choeur dirigée par E.A. Varenova procéda à la cérémonie de la consécration de l'église.
La petite église de Saint Séraphin ne pouvait pas contenir tous les gens venus y prier et bon nombre d'entre eux durent écouter la célébration dehors, près des fenêtres ouvertes grâce au beau temps. Son Eminence le Métropolite, dans sa chaleureuse homélie, évoqua la vie du saint homme et sa singulière parenté avec les Russes orthodoxes, après avoir montré en même temps que la fondation même de cette église dans le XVe arrondissement, peuplé essentiellement d'une foule russe de travailleurs et de gens peu fortunés ne pouvait se faire qu'avec le soutien du Saint. Félicitant les fidèles pour la création de l'église qu'ils désiraient depuis longtemps. Son Eminence dit sa certitude que la veilleuse allumée ce jour pour le Saint éclairerait toujours leur vie en leur donnant joie de l'esprit et paix de l'âme.
Après la consécration de l'église, on se réunit autour d'un repas organisé dans la cour à l'ombre d'une tente spécialement dressée. A ce repas prirent part avec l'Evêque toutes les personnes chargées d'une fonction dans l'église et celles ayant participé à tels ou tels travaux dans l'église et quelques fidèles. C'est à ce repas qu'apparut concrètement la parenté morale qui s'était créée parmi les membres de la paroisse.
Comme lors de l'édification de l'église et son aménagement, chacun dans la mesure de ses possibilités s'efforçait de concourir au succès de cette rencontre en y entretenant une atmosphère festive.
Une troupe de scouts, qui avaient installé leur campement à proximité, offrait un joli tableau. Ces scouts avaient ingénieusement dressé un chapiteau en réunissant toutes leurs tentes.
L'administration diocésaine nomma en date du 3 juillet 1933 l'archiprêtre D.Troïtski recteur de l'église Saint Séraphin, confirma M.M. Fedorov dans son titre de curateur, et confirma également dans leurs fonctions toutes les personnes élues à la première Assemblée Générale de la Paroisse.
Après la consécration de l'église, le travail s'y poursuivit avec la même énergie. La peinture de l'iconostase et des murs s'effectuait, les icônes du sanctuaire étaient mises à leur place au fur et à mesure de leur exécution; on faisait des cadres pour les icônes, des nimbes pour certaines d'entre elles, les bannières étaient installées à leur place, etc. etc.
Dès la fin du premier semestre de l'existence de l'église. Son Eminence le métropolite, après avoir pris connaissance du rapport du père D. Troïtski, archiprêtre de l'église, reconnut qu'il était juste de récompenser les travaux de N.V. Globa pour bien aménager l'église, de lui accorder la bénédiction épiscopale ainsi que celle de l'administration diocésaine et de lui remettre un diplôme spécial.
Des dons de toutes sortes continuaient aussi d'arriver. L'iconographe P.A.Fedorov offrit à l'église une icône peinte par lui-même de Saint Séraphin (sur un lutrin) ; l'archevêque de Belgique, Alexandre, offrit une icône de la Vierge de Tendresse (envoyée à la communauté de religieuses qui l'a transmise à l'Eglise). C'est lui aussi qui fit parvenir à l'église, par l'entremise de l'archiprêtre D. Troïtski, un morceau de la chape de Saint Séraphin ; de madame Dokhtourov on reçut une représentation de Saint Séraphin peinte sur un morceau de la pierre derrière laquelle il priait (on dit que c'est une des trois représentations de cette sorte, faites autrefois - une appartenait à notre Souverain exécuté, la deuxième à un commandant du Palais, le général Dédiouline et la troisième à l'amiral Nilov); la représentation offerte à l'église Saint Séraphin serait, dit-on, celle du général Dédiouline; la comtesse Kleinmikhel donna à l'église une parcelle des saintes reliques de Saint Séraphin ; son Eminence le Métropolite fit don de grands voiles apportés du Monastère de la Passion de Moscou; A.A.Titov donna une icône de Saint Georges le Victorieux (oeuvre de S.I, Rychkova ), le cadre est fait d'après un dessin de N.V. Globa ; S.D. Bachmakov donna une icône de saint Alexandre Neva (oeuvre de P.A. Fedorov dans un cadre. E.N. Tolly offrit une icône de saint Serge de Radonège dans un cadre (oeuvre de P.A. Fedorov et une table de panykhide avec le Golgotha; on reçut des voiles, oeuvre de la princesse V.K. Mecherskaïa, M.A, Benoit, madame Sokolova ; M.A. Maklakova et M.F. Mavrokordato donnèrent une aube de sous-diacre ; V.F.Vorobiéva et O.V. Beraïtskaia donnèrent un dessus de lutrin et d'autres objets furent offerts par diverses personnes.
A cette même époque furent exécutés de grands travaux de broderie artistique : sur les bannières et l'épitaphion par E.N. Tolly et B.A. Miler, sur un vêtement de prêtre par E.M.Kvitsinski. Par A.I. Orlov fut. fait uni tabernacle et un chandelier pascal à trois branches. On termina le chandelier à sept branches et l'on fit les couronnes de mariage (travail de De Valero) ; les nimbes des icônes (travail de N.V. Globa, V.E. Markov, de S.M. Kalouguine et de K.M. Orlov) ; on édifia une grande armoire pour l'icône de saint Séraphin de Sarov, on fit des cadres pour les icônes de Saint Nicolas le Thaumaturge et de Saint Alexandre Nevski.
A côté des dons matériels arrivèrent aussi des dons d'argent. Parmi ces derniers on ne peut pas ne pas mentionner un don de 350 francs du directeur du théâtre français Bati (dans la troupe duquel se trouva un certain temps M.N. Guermanova) somme destiné à l'achat de l'Evangile d'autel; pour l'armoire destinée à l'icône de Saint Séraphin on reçut 300 francs de E.N. Tolly , 150 francs de P.V. Korjenevski, 50 francs de V.V.Dmitrieva, 200 francs furent offerts par E.N. Tolly pour le cadre de l'icône de Saint Nicolas le Thaumaturge, 50 francs par E.S . Otchinskaia pour une veilleuse, 100 francs de la part de M.A, Philosophova pour des chandeliers, 300 francs pour l'épitaphion déposés par des inconnus sur l'assiette servant pour la quête; 350 francs pour l'église apportés par M.M. Fedorov et provenant des sommes gagnées lors de concerts de bienfaisance, qu'il avait organisé. E.K. Bogaïevskaïa offrit un tableau du célèbre peintre russe Savrasaov. Les freux sont arrivés pour qu'on le mette en vente et qu'on utilise l'argent obtenu pour les besoins de l'église. Le tableau fut vendu 200 francs (ce fut N.A. André) qui l'achetai. Par L.A. Soubbotina fut donnée à l'église une icône de la Mère de Dieu dans un cadre en argent, décoré de perles; par M.A. Després un encensoir en argent; par E.A. Komarova une icône de Saint Alexandre Nevski dans un cadre d'argent par E.I. et B.N.Vtorov une grande croix d'autel en argent, dorée et ornementée, une reliure pour un grand Evangile ancien datant de l'époque de l'Impératrice Anna Ioanovna (acquise fortuitement par l'église auparavant) avec, peintes sur porcelaine, des représentations de la Résurrection du Christ et des quatre évangélistes, une icône de Sainte Olga égale aux apôtres; Z.N. Evreïnova donna une icône de Saint Vladimir égal aux apôtres.
Plus tard furent installées par les paroissiens la grande Croix du Golgotha et l'icône de Saint Pantéleimon. La première a été peinte par P.A. Fedorov (le travail de menuiserie est de A.P. Biakine), la deuxième, peinte par S.F. Vassiliev qui est aussi l'auteur des dessins d'après lesquels ont été faits et la veilleuse pour l'icône et le cadre sur son piédestal. S.V. Vassiliev a fait don à l'église d'une icône, peinte par lui-même, de Saint Pantéleimon de la taille d'un lutrin.
Dès les premiers jours de son existence, la modeste église Saint Séraphin attira chez elle un grand nombre de fidèles. Honnis les gens vivant dans le XV e arrondissement, des personnes venant des autres arrondissements et des environs de Paris commencèrent à la fréquenter. Comme l'a raconté le père Recteur, on vit venir se confesser dans l'église Saint Séraphin des gens qui n'avaient pas fréquenté d'église
et ne s'étaient pas confessé depuis de nombreuses années.
Les modestes dimensions de l'église devinrent rapidement trop justes pour ceux qui s'y rassemblaient pour prier, et souvent de nombreuses personnes étaient contraintes d'écouter le service divin, debout dans la cour, près des fenêtres et des portes ouvertes, ce qui n'était évidemment possible que les jours de beau temps. Avec la venue de l'automne et son mauvais temps humide, pluvieux, se posa nécessairement la question de préserver les fidèles des refroidissements. Dans ce but, devant l'entrée de l'église, on construisit un tambour que les gens devaient traverser pour entrer dans l'église et l'on n'y entrait plus directement comme auparavant. Ensuite, tout le long de la façade fut placé un avant-toit, recouvert d'une bâche, qui protégeait de la pluie et du soleil brûlant en été les fidèles qui ne pouvaient pas entrer dans l'église. Ces améliorations partielles étaient alors les seules à la portée du modeste budget de l'église. Il y avait encore un point qui causa longtemps une sérieuse inquiétude. Le vieux toit de la baraque était en très mauvais état et lors de fortes pluies le plafond laissait passer l'eau dans l'église. L'eau de pluie coulait aussi le long des troncs des arbres qui se trouvaient dans l'église. Les réparations effectuées après chaque forte pluie ne duraient pas longtemps. L'eau s'arrêtait de couler à un endroit et puis, presque à chaque nouvelle grosse pluie, on découvrait une fuite à un nouvel endroit, à côté du précédent. Enfin, on suivit le conseil donné par quelqu'un de couvrir l'endroit du toit où ça coulait d'un chiffon imbibé de goudron chaud. Quand le goudron se refroidissait, les chiffons adhéraient solidement au fer, le rendant effectivement parfaitement étanche. On utilisa le même procédé pour empêcher l'eau de suinter le long des arbres dans l'église. La nécessité d'élargir l'église devenait de plus en plus pressante.
Pour cela on avait besoin de moyens et on décida de faire une collecte. Le début de la collecte fut la mise en circulation dans la deuxième moitié de 1934 de carnets à souches. Sur les talons de ces carnets, on indiquait qu'ils étaient destinés à l'élargissement de l'église Saint Séraphin. Dans chaque carnet, il y avait 20 talons qui valaient chacun un franc. On mit en circulation et on vendit en tout 3508 tickets, c'est-à-dire qu'on gagna 3500 francs. La vente fut un succès et rien que la premières recettes qu'on en tira, ajoutées aux 500 francs de dons pour le paiement d'une partie dépenses pour la rénovation du toit de la partie ajoutée, permirent de commencer les travaux d'élargissent de l'église. Pour Pâques de 1935, furent faites les fondations de l'annexe (oeuvre de A.A. Tcheriatchoukine), fut dressé l'échafaudage en bois et placé le toit de fibro-ciment (travail de K.A. Polovtsov) fut fait le sol de béton (par K.D. Kavoune).
Il faut ajouter à cela que le Conseil Paroissial avait décidé que l'exécution des travaux dépendait exclusivement des moyens reçus pour cela; une fois ceux-ci épuisés les travaux devaient s'arrêter jusqu'à ce qu'on ait amassé de nouvelles sommes. En conséquence, les travaux pour l'agrandissement de l'église s'effectuaient par étapes, avec quelques interruptions entre eux.
Les travaux d'agrandissement de l'église la rendirent deux fois plus vaste. Mal- heureusement il était impossible de modifier aussi la hauteur dans la nouvelle partie de l'église car il fallait éviter de perturber le bon écoulement de l'eau de pluie du toit de la vieille baraque (relever le plafond et le toit de cette dernière était impossible car on risquait de faire s'effondrer la vieille baraque). Une partie de la nouvelle annexe, adjacente au sanctuaire, fut affectée à la sacristie et au coin de la confession. A droite de l'entrée latérale fut aménagée la resserre (qui fut détruite par la suite pour agrandir encore l'église et offrir plus de place aux fidèles) pour y ranger les réserves de cierges, de mèches de veilleuses, de charbon de bois, etc. et aussi pour y déposer les objets nécessaires à l'entretien de l'église (brosses, chiffons) et le charbon pour le chauffage.
En été 1935 on reçut gratuitement de l'ingénieur S.N. Tchaïev 100 mètres carrés de panneaux d'agglomérés, à partir desquels on avait déjà fait, pour la fêts de l'église (le 1er Août ) les murs de l'annexe, les cloisons et le plafond. Pour recevoir l'argent nécessaire à la fabrication de deux nouvelles portes à deux battants et de nouvelles traverses de fenêtres (pour que l'église soit plus claire, on avait agrandi la dimension des fenêtres) on organisa dans la cour de l'église une fête d'enfants qui rapporta plus de 500 francs nets. Pour ces mêmes travaux 200 francs furent offerts par A.V. Bylinine.
Vers l'automne, les gros travaux qui restaient à faire étaient le crépi des nouveaux murs extérieurs et intérieurs, le plâtrage du plafond, leur peinture, et aussi celle des portes, des châssis de fenêtres, et il fallait poser les vitres des portes et des fenêtres. L'exécution de ces travaux devenait de plus en plus urgente, étant donnée l'approche de la saison froide et la nécessité d'assurer le chauffage de l'église avant sa venue. Pour collecter rapidement l'argent nécessaire, on ouvrit une souscription pour le paiement de chaque mètre carré séparé. Sur le mur extérieur de l'église, on fixa un carton sur lequel étaient dessinées de petites cases correspondant au nombre de mètres devant être crépis. La valeur du crépi de chaque mètre était fixée à 18 francs.
La souscription fut un succès : les sommes reçues "pour le crépi" ajoutées à celles qui continuaient d'arriver permirent d'acheter rapidement tout le matériel nécessaire aux travaux. Il se trouva aussi des gens qui acceptèrent de faire les travaux de crépi pour un prix inférieur à ceux proposés (K.A. Polovtsov et K.I. Sokolov). Estimant, au train où allaient la vente des "métrés" que les moyens espérés pour le paiement de tout le travail étaient assurés, le père Recteur et moi-même décidâmes de ne pas attendre que la somme nécessaire soit réunie pour passer à l'exécution des travaux.
Dès le début de novembre, c'est-à-dire avant les froids de l'hiver, tous ces travaux étaient achevés.
En même temps qu'on procédait à l'agrandissement de l'église, on déplaça la grande armoire encadrant l'icône de Saint Séraphin dans la partie ajoutée où elle occupa une place, un peu plus enfoncée par rapport à l'iconostase et constitua comme le coin propre de Saint Séraphin.
Devant cette grande icône fut placée, sur un lutrin particulier, une icône du Saint plus petite dans un revêtement et on y déposa une parcelle de Ses Saintes Reliques et un petit morceau de sa chape, et aussi sa représentation sur la pierre et une pincée de sable de sa cellule.
On peut mettre au nombre des reliques qui se trouvent dans l'église les 4 croix de baptême de victimes tuées par les bolcheviks comme otages en octobre 1918 à Piatigorsk (transmises par G.A. Mongard (?), ancien Président de la Commission Spéciale d'Enquête sur les crimes commis par les bolcheviks, rattachée au Commandant en chef des Forces Armées dans le sud de la Russie. L'enquête effectuée alors établit que c'est avec une grande cruauté que furent mis à mort ces otages, ayant subi au préalable une série de tortures. D'après les explications du père Recteur, les croix de ces martyrs avaient dans les temps anciens une signification toute particulière et l'on pouvait même, au cas où l'on n'avait pas d'antimension, célébrer la liturgie sur elles. Ces croix, enchâssées dans un petit cadre, se trouvent toujours sur la petite table des panykhides.
A côté des collectes pour les besoins de l'église, on en effectuait aussi pour d'autres fins. C'est ainsi que, dès qu'on eût commencé à célébrer le service divin dans l'église, on n'oublia pas le souhait formulé par M.M. Fedorov, que l'église, dans la limite de ces possibilités, donnerait au Comité d'aide aux étudiants des fonds pour couvrir les dépenses nécessaires à l'entretien de la maison abritant le foyer. Le Conseil Paroissial décida d'effectuer, après tous les services divins, une quête spéciale (c'était l'assiette pour "l'aide aux étudiants").
Chaque année, à des jours spécialement fixés, s'effectuaient des quêtes au profit des invalides, de l'Institut de Théologie, pour l'aide aux tuberculeux; il y eut des quêtes particulières pour aider à la construction du monument funéraire à la gloire des guerriers russes (à Mourmelon) et pour l'église de 1' Assomption de la Vierge près du cimetière russe de Sainte Grneviève-des-Bois, pour la colonie de vacances des enfants.
Au cours du printemps et de l'été 1936, l'église fut repeinte et le plafond du sanctuaire fut décoré (les travaux furent effectués par N.P. Tsvietkov et ses frères) et l'on décora les murs intérieurs de l'annexe (par N.V Korjenevski).
Lorsqu’on arriva à la fin des travaux d'aménagement, Son Eminence le métropolite Euloge jugea bon de distinguer le travail que j'avais accompli comme marguillier de l'église en me donnant de sa part et de celle de l'administration diocésaine la bénédiction du Seigneur et en me remettant un diplôme (9 novembre 1936).
Tous les renseignements donnés jusque là se rapportent aux travaux d'ordre matériel. En ce qui concerne la création d'une nouvelle paroisse et l'installation d'uns nouvelle église, le plus important fut le travail spirituel et pastoral de celui qui prit l'initiative de l'installer et fut le premier recteur de l'église, l'archiprêtre Dimitri Troïtski.
Ancien recteur de l'église des Gallipoliens, transférée dans le XVI e arrondissement, l'archiprêtre D. Troïtski comprit très vite à quel point :était pénible pour les nombreux Russes résidant dans le XV e arrondissement le fait d’être privés d'une église à proximité. Le père Dimitri Troïtski était aussi très au courant des diverses tentatives infructueuses faites pour établir une nouvelle église dans un autre local. Avec l'énergie qui lui était propre, le père Dimitri se chargea de résoudre ce problème et, comme nous l'avons indiqué plus haut, il le fit brillamment et dans les délais les plus courts. Bien connu dans l'émigration russe pour être un excellent ministre majeur, un organisateur et un administrateur parfait, un éducateur de jeunes ayant une grande expérience, et enfin, pour être un ardent patriote russe, le père Dimitri su rapidement rassembler autour de lui un groupe important de personnes particulièrement dévouées à l'église. Avec leur aide et leur coopération, il parvint à mener à bien la tâche qu'il avait fixée. Tout en dirigeant le travail général visant à transformer la baraque en église, l'archiprêtre D. Troïtski réussit à créer une nouvelle paroisse, et ce faisant, il se conforma à l'esprit de l'église de l'ancienne Russie, soucieuse de l'unité spirituelle de ses fidèles, de ceux qui avaient besoin d'aide spirituelle et matérielle, de l'éducation chrétienne des enfants russes. Rendant visite aux familles qui demeuraient dans le XV e arrondissement, le père D.Troïtski faisait leur connaissance, se familiarisait avec leur situation, leur vie de tous les jours, leurs besoins; en s'entretenant avec eux, il éveillait en eux le sentiment religieux, il fortifiait leur esprit, atténuait l'âpreté des difficultés de la vie qui s'abattaient sur eux, établissait un lien entre eux et la paroisse qui se créait.
Les remarquables qualités de l'archiprêtre D. Troïtski se révélèrent plus particulièrement pendant la période où il fut recteur de l'église Saint Séraphin, et ce fut la preuve dans les faits que ses appels à s'unir autour de l'église pour la vie dans le monde et 1’amour du prochain ne restèrent pas vains. Ces appels et la ferveur du service dans lequel étaient strictement observées les règles des offices attiraient continuellement à l'église beaucoup de fidèles venant de divers quartiers de Paris. Le nombre des offices célébrés par le père D. Troïtski augmenta progressivement; tous les vendredi était célébré un acathiste en l'honneur de Saint Séraphin; après qu'on eût installé l'icône de Saint Pantéleimon, grand guérisseur, il y eut des acathistes en l'honneur de ce saint (tous les mardi suivant le 1er de chaque mois). Les homélies du dimanche du père recteur, comme il l'a dit lui-même plus d'une fois, ne recherchaient pas l'éloquence, mais étaient animées par l'espoir que ce serait un grand bien si, au moins certaines d'entre elles se gravaient dans le coeur de ceux qui l'avaient écouté.
C'est par l'archiprêtre D. Troïtski, le premier à Paris, que furent introduits dans les offices du Grand Carême la "Passion", c'est-à-dire les offices consacrés à la Passion du Seigneur, et, après Pâques, la "quarantaine pascale" (une tradition touchante de notre passé) une prière commune pendant quarante jours pour nos défunts récitée les jours bénis par la joie de la Résurrection du Christ.
L'église Saint Séraphin doit aussi beaucoup à l'archiprêtre D. Troïtski pour tout ce qui concerne son aménagement intérieur. Tous les travaux effectués pour cet aménagement nécessitaient constamment des moyens importants. Le père D. Troïtski exhortait infatigablement les paroissiens à l'esprit de sacrifice, en soulignant toujours avec insistance que l'entretien de l'église est la première obligation des paroissiens et que c'est du versement ponctuel de leurs cotisations que dépend la bonne marche de l'économie paroissiale.
Le 1er août 1934, le jour de sa fête, la paroisse célébra solennellement les 25 ans de sacerdoce de son recteur. Le matin, la Divine Liturgie fut célébrée par le métropolite. Après la liturgie, le métropolite Euloge prononça des paroles extrêmement chaleureusement en remettant au père Dimitri une lettre de reconnaissance avec sa bénédiction. Le curateur de l'église M.M. Fedorov lut une déclaration des paroissiens. Cette déclaration, couverte de signatures et décorée d'une vignette dessinée par le célèbre peintre et architecte A.A. Benoît, rangée dans un sous-main en cuir, fut ensuite remise à celui qu'on fêtait avec un cadeau de la paroisse (1000 francs). Après les compliments prononcés dans l'église par diverses personnes et institutions, on servit, dans la salle à manger du foyer, un repas auquel prirent part 75 personnes, Le repas se déroula avec une rare cordialité et révéla concrètement l'amour et le respect dont jouissait le père recteur dans la paroisse.
A l'automne de la même année, un accident (une chute dans l'escalier du métro) immobilisa le père archiprêtre D. Troïtski dans un lit d'hôpital pour un certain temps, et puis le contraint à un traitement de longue durée à domicile. Ce malheur, à son tour, fut une bonne occasion pour les paroissiens d'exprimer leur sincère sympathie à leur père spirituel.
En août 1935, à la demande des paroissiens soutenue par le Conseil Paroissial, son Eminence le Métropolite autorisa l'archiprêtre Troïtski à porter la croix pectorale ornée, offerte par une paroissienne.
Le 25 juillet 1936 l'archiprêtre D. Troïtski reçut la fonction de doyen des églises de Paris et ses environs (cessant alors d'être recteur de l'église Saint Séraphin) et le 1er août de là même année il fut distingué par l'octroi d'une mitre.
Le père D. Troïtski fit publier une édition particulière de l'acathiste en l'honneur de Saint Séraphin de Sarov et c'est aussi sur son initiative que fut édité (en l938) pour le 35e anniversaire du jour de la glorification des reliques du Saint un recueil consacré à sa mémoire avec des articles de Son Eminence le Métropolite, des archiprêtres I. Lielioukhine, de monsieur Lomago, de D. Troïtski, du professeur I. Kartachov, de I. Chmelev, de I. Loukach, de M. Guermanova et de M.Diatchenko.
Le 23 octobre 1939, après une longue et pénible maladie, le père D. Troïtski décéda. Les très nombreuses ouailles du défunt participèrent avec émotion à ses dignes funérailles. Il est inhumé dans la crypte de l'église de la Dormition de la Vierge à Sainte Geneviève des Bois.
Il y avait une parfaite concordance entre la pieuse activité pastorale de l'archiprêtre D. Troïtski et le zèle déployé par le sous-diacre I.T. Tyschenko dans l'accomplissement de ses obligations.
N'ayant pas une formation théologique spéciale, mais étant un homme pieux et très dévoué à l'église, I.T. Tychenko se consacra dès ses premières années d'émigration à oeuvrer pour l'église. Modeste et tranquille, I. T. Tyschenko considérait son travail à l'église comme une épreuve qui lui était envoyée par Dieu. Mais aucune des douloureuses épreuves personnelles rencontrées sur le chemin de son service n'amoindrit la fervente exécution de ses obligations de sous-diacre.
Depuis le premier office divin célébré dans l'église Saint Séraphin de Sarov et jusqu'à sa mort, survenue à l'automne de 1938 (30/16 septembre) I.T. Tyschenko fut sous-diacre dans cette église et pour le service de plus de cinq ans qu'il y accomplit, il gagna l'estime la plus sincère, la sympathie et l'affection des paroissiens.
II a été indiqué plus haut que la direction du choeur de l'église avait été confiée par l'archiprêtre D. Troïtski à E.A. Varenova qu'il connaissait bien.
Possédant une instruction musicale achevée (Conservatoire de Saint Petersbourg), douée d'une très belle voix d'une grande expérience de la direction des choeurs d'église et connaissant de vieilles mélodies religieuses en particulier, E.A. Varenova dirigeait à la perfection son modeste choeur. L'interprétation des chants d'église par ce choeur se distinguait par une grande ferveur religieuse.
E.A. Varenova abandonna la direction du choeur en mars 1937. Après elle, les chefs de choeur furent successivement messieurs Volochine, Dolski et Voïtchenko, chacun ayant propre ensemble de chantres.
Au début de cet exposé, nous avons indiqué que c'est à M.M. Fedorov, président du Comité d'Aide aux étudiants russes, qui nous avait donné la baraque, que la paroisse est redevable de l'installation de l'église Saint Séraphin de Sarov rue Lecourbe. Elu curateur de l'église à la première Assemblée Générale de la paroisse, M.M. Fedorov, dès le tout premier instant où l'on s'attaqua aux travaux d'aménagement de la baraque pour l'église, montra le plus vif intérêt pour la vie ecclésiale de la paroisse et pour toutes les entreprises de l'église et contribua à leur succès par tous les moyens. Lors de l'ouverture de l'école M.M. Fedorov mit à sa disposition la baraque attenant à l'église et en plus offrit la jouissance aux heures de cours de deux pièces dans la maison du Comité. Grâce à M.M. Fedorov, pendant plusieurs années de suite, le célèbre compositeur et pianiste S.V. Rachmaninov, quand on répartissait la recette de ses
concerts, remettait certaines sommes à l'école de Saint Séraphin. Pour installer un refuge pour les aveugles et les sans-abri, M.M. Fedorov donna à la communauté de Séraphin- Diveevo un local dans la maison du Comité Central des Etudiants moyennant un loyer des plus modestes. Quand la Communauté connaissait des jours particulièrement difficiles M.M. n'insistait pas pour le paiement de ce petit loyer.
Prenant très à coeur tous les intérêts de l'église et du clergé, M.M. Fedorov était constamment leur ardent défenseur face à l'autorité diocésaine.
Celle-ci, de son coté, avait une grande considération pour le zèle témoigné à l'église par son curateur et le 6 mai 1938, pour son 80eme anniversaire. Son Eminence le Métropolite lui fit don d'une Sainte Bible.
Tous les travaux pour l'installation de l'église se déroulaient dans l'atmosphère très amicale qui régnait dans le conseil Paroissial. Ce dernier se réunissait immuablement tous les mois et toutes les questions, non seulement les questions de principe ou nécessitant un accord de crédits, mais aussi les petites questions et celles de tous les jours intéressaient le Conseil et faisaient l'objet de ses discussions. Les réunions du Conseil n'avaient pas la gravité des réunions officielles et ressemblaient davantage à des conversations de personnes proches et bien disposées les unes envers les autres, et pour lesquelles pareillement les intérêts de l'église comptaient beaucoup. C'est probablement ce qui explique le fait qu'aux séances du Conseil étaient habituellement présents tous ses membres sans exception, alors qu'ils étaient fort nombreux en ce temps là. Une particularité caractéristique des séances du Conseil était la présence à celles-ci des membres de la Commission de Contrôle ayant droit de voix consultative et des aides du marguillier de l'église. Grâce à cela, lors de l'examen et de la vérification des livres de caisse, des rapports et des pièces justificatives, la Commission de Contrôle avait à sa disposition non seulement des chiffres et des documents qui les justifiaient, mais aussi une nette représentation de la façon dont le travail de l'église s'accomplissait en réalité.
Certains membres du Conseil et de la Commission de Contrôle participaient par leur travail personnel à l'édification de l'église (N.V. Globa, S.S. Davydov, K.M. Orlov, B.A. Ochmianski, V.S. Rouban). Comme aussi les autres membres du Conseil, par leur grande expérience de la vie, par leur condition et leurs liens avec des milieux connus de l'émigration, ils contribuaient à une meilleure organisation de toute l'économie paroissiale.
Nous avons plus d'une fois mentionné précédemment l'attitude purement paternelle, constante et extrêmement bienveillante à l'égard de l'église Saint Séraphin de Son Eminence le Métropolite Euloge.
Tout ce qui concernait l'église, la vie paroissiale et les entreprises paroissiales, intéressait toujours vivement Son Eminence et trouvait en lui un chaleureux écho et un soutien.
Lors de presque toutes les fêtes patronales et quelquefois aussi pour d'autres occasions. Son Eminence célébrait la Divine Liturgie dans l'église Saint Séraphin et restait ensuite aux modestes agapes de la paroisse et aux causeries. Son Eminence faisait des visites à l'école paroissiale, aux arbres de Noël organisés par la paroisse, aux réunions de la communauté de Séraphin-Diveevo rattachée à l'église.
Une très grande attention fut témoignée à l'église par son Eminence le jour d'une des fêtes paroissiales; Son Eminence le Métropolite remit à l'église les "grands voiles" venant du Monastère de la Passion de Notre Seigneur à Moscou et qui lui avaient été remis à lui, le Métropolite, par quelqu'un qui avait réussi à les emporter à l'époque où les bolcheviks pillaient les églises.
Extrêmement touchantes étaient la constante bonté et l'affectueuse attention de Son Eminence pour tous ceux qui travaillaient à l'église Saint Séraphin, les "servants" du Saint, comme il les nommait souvent.
A la fin de l'année 1933, nous recueillîmes dans l'église pendant quelques jours des parcelles des Saintes Reliques du Grand Martyr et Guérisseur Panteleimon, et en 1936 l'icône de Saint Nicolas le Thaumaturge restaurée dans la cathédrale de Nice.
Dans la deuxième moitié de l'année 1934, l'église resta ouverte tous les jours de 10 heures du matin à 5 heures du soir pour donner la possibilité d'y prier à ceux qui le désiraient en dehors des jours et heures du service divin. On enregistra 576 de ces visites pendant six mois. Malheureusement, il fallait payer une personne nécessairement présente dans l'église à ces moments là et cela s'avéra une dépense trop lourde pour la paroisse ; il fallut donc revenir à l'ancien usage, c'est-à-dire ouvrir l'église aux seules heures où l'on y célébrait des offices.
En 1935, par une résolution du Conseil Paroissial et de l'Assemblée Générais de la paroisse il fut décidé de constituer un fond de réserve en prélevant chaque mois 50 francs sur les sommes possédées par l'église. En 1939, une nouvelle décision de l'Assemblée Paroissiale à ce sujet confirma la nécessité de constituer ce capital. Il y eut toute une série de célébrations épiscopales dans l'église Saint Séraphin.
Comme nous l'avons indiqué plus haut, lors des fêtes paroissiales la Divine Liturgie était habituellement célébrée par Son Eminence le Métropolite Euloge.
Plusieurs vigiles et Divine Liturgie furent célébrées par Monseigneur Alexandre,
Archevêque de Belgique, et par Monseigneur Serge, évêque de Prague.
A la fin de l'année 1933, on créa une caisse d'aide aux funérailles pour l'église Saint- Séraphin. L'objectif était d'apporter une assistance rapide aux familles venant de perdre un des leurs. La création de cette caisse reposait sur une réglementation qui devait, comme le pensait le Conseil Paroissial, donner facilement à un bon nombre de gens la possibilité d'y adhérer. Celui qui adhérait à la caisse, versait 10 francs d'adhésion et ensuite, à chaque décès d'un membre de la caisse, 5 francs pour le paiement à la famille du défunt d'une subvention pour les funérailles. Ainsi, le montant de cette subvention dépendait entièrement du nombre des adhérents de la caisse. Pourtant cette entreprise n'eut pas de succès. Vingt personnes seulement donnèrent leur adhésion à la caisse et, naturellement, étant donné ce petit nombre d'adhérents, le montant de la subvention n'avait plus de valeur effective. Après avoir subsisté durant quelques années, la Caisse du fermer. Au cours de son existence la Caisse délivra seulement deux subventions, dont l'une versée à la veuve du défunt père recteur D.S. Troïtski (200 francs).
Afin d'offrir aux paroissiens la possibilité de bénéficier d'une aide médicale pas trop chère, on s'entendit avec un docteur (Jolkov) pour qu'il reçoive en consultation les paroissiens malades. Pour chaque consultation on devait donner au médecin 7 francs 50, ce qui correspondait aux honoraires qu'il recevait à cette époque dans une clinique.
Les malades qui désiraient s'adresser à ce médecin apportaient à la caisse de l'église 10 francs, dont 2 francs 50 restaient pour les besoins de l'église. Les comptes avec le docteur étaient faits périodiquement par le marguillier.
Dès la première année de l'existence de l'église, il y fut organisé une école paroissiale (au début école du dimanche et du jeudi, et par la suite seulement du jeudi) pour les enfants russes. Les matières enseignées étaient : les fondements de la foi orthodoxe, l'apprentissage de la lecture et de l'écriture russes, l'histoire et la géographie russes. Quand les circonstances le permettaient, les enfants, de plus. avaient cours avec des moniteurs de gymnastique qualifiés. Les premières années, pour les cours des enfants on percevait de 5 à 10 francs par mois (cela dépendait de la situation matérielle de leurs parents), et les enfants de parents nécessiteux recevaient un enseignement totalement gratuit. L'argent obtenu, complété par certaines sommes données par l'église, était utilisé pour rémunérer le personnel enseignant et pour l'instauration pour les enfants de ce qu'on appelle le"goûter" (thé, pain avec de la confiture, du beurre, etc.) pendant les récréations.
Dès la première fête de Noël, datant aussi de l'époque où la Paroisse s'était constituée, on organisa un arbre de Noël pour les enfants. A cette fête s'étaient rassemblés les enfants et leur famille, ceux du XVe arrondissement et aussi ceux des autres arrondissements. Les premières années, les arbres de Noël étaient organisées dans le local de l'Association des Gallipoliens, ensuite dans la cantine du Comité Russe d'aide (141, rue de Vanves) et enfin dans la grande salle de la maison du Comité d'Aide aux étudiants. Les arbres de Noël de la paroisse, organisés avec beaucoup d'amour, avaient toujours un grand succès. Le sapin richement décoré mis à part, on organisait pour les enfants divers jeux et divertissements. Comme exécutants dans ces derniers, se produisaient en premier lieu les jeunes élèves, filles et garçons, de l'école paroissiale, qui venaient réciter des poésies russes. A ces arbres de Noël, se produisaient habituellement des artistes bien connus de tout le Paris russe - l'accordéoniste V.I. Ignatov et son fils V. Ignatov, un excellent exécutant de danses populaires russes; et aussi de jeunes artistes provenant d'une des meilleures écoles de danse classique, celle de I. N. Vyroubova. Pour terminer, on distribuait des cadeaux et des friandises aux enfants. Dans l'organisation de l’arbre de Noël, une participation des plus précieuses était celle de E.I. Stone qui mettait à la disposition des organisateurs de la fête une énorme quantité de jouets magnifiques.
Tout en procurant une grande joie aux enfants, les arbres de Noël apportaient en même temps des moyens considérables à l'église, atteignant certaines années 2000 francs. Cet argent était avant tout utilisé pour les besoins de l'école, et le surplus allait au paiement des dépenses générales de l'église.
En 1936 (en mars) le père D. Troïtski organisa une communauté de femmes de "Séraphin-Diveevo" auprès de l'église. Dans cette communauté entrèrent des sœurs énergiques, dévouées à l'église de Dieu et mues par l'amour du prochain. C'est K.K. Martynova qui fut choisie par le père D. Troïtski, avec la bénédiction de Son Eminence le Métropolite Euloge, pour être à la tête de la communauté.
Son Eminence le Métropolite célébra le début des activités de la nouvelle communauté par une prière collective et par sa participation à une causerie paroissiale concernant les tâches de la Communauté.
Suivant les directives de l"archiprêtre D. Troïtski, la tâche principale que la communauté s'était fixée, comme le font aussi les autres organisations analogues rattachée à des églises (communautés de moniales, fraternités, comités de bienfaisance) était l'aide matérielle et morale aux paroissiens qui en avaient besoin et aux Russes en général et aussi pour l'installation d'un petit asile pour les aveugles en particulier.
Pour cet asile, la Communauté loua dans la maison abritant le Comité d'Aide aux étudiants d'abord deux pièces, et ensuite une troisième. Avec l'aide du Curateur de l'église M.M. Fedorov, ces pièces furent meublées de lits avec la literie complète et du mobilier indispensable.
Deux aveugles furent admis dans l'asile aussitôt après la création de la Communauté. Outre ces aveugles, la Communauté trouva vite la possibilité d'héberger des invalides et des chômeurs.
L'archiprêtre I.Titov, se trouvant sans logement, et pour quelques temps aussi le sous-diacre de l'église, A. Boutkevitch, furent provisoirement hébergés par la Communauté. Le nombre total des gens recueillis par la Communauté était habituellement 6 ou 7 personnes.
Le lundi les soeurs de la Communauté avaient leurs réunions. La première partie de ces réunions se passait sous la direction du Recteur de l'église et était consacrée aux entretiens spirituels, la deuxième, sous la présidence de la Supérieure, se passait à étudier les besoins de personnes isolées et de familles que les soeurs connaissaient, et aussi à chercher des moyens pour les aider. A ces réunions, on proposait des mesures pour collecter de l'argent, des vêtements, du linge, etc. et on répartissait les missions pour s'informer sur la situation des gens qui sollicitaient une aide, et, dans des cas isolés, on les aidait en leur proposant un travail personnel tel que : la visite des malades à domicile et à l'hôpital, la préparation des repas pour les malades isolés et alités, et, quand c'était possible, faire leurs commissions. La Communauté venait aussi en aide en distribuant des vêtements, du linge et aussi des bons (payés par elle) donnant droit à des gîtes pour la nuit et à des repas.
En dehors de leur oeuvre de charité, les soeurs rendaient une série de services divers à l'église : elles chantaient avec le choeur de l'église, enlevaient les bouta de cierges consumés, et de façon générale veillaient à la propreté de l'ensemble de l'église, au bon ordre de la sacristie, et aussi prenaient soin de la décoration de l'église les jours de fêtes particulièrement solennelles; pour les enfants de l'école paroissiale, pendant la semaine de Pâques, les soeurs organisaient une "table pascale", et à Noël dressaient un arbre de Noël; lors des fêtes paroissiales toute la partie pratique de l'organisation des repas servis après les offices reposait aussi sur les soeurs de la Communauté; enfin c'était aussi les soeurs qui se chargeaient de la vente des rameaux le Samedi des Rameaux et de celle des fleurs pour la Pentecôte.
A la fin de l'année 1934, par suite d'une grève générale des chauffeurs de taxi qui avait éclaté à Paris, beaucoup de chauffeurs russes restèrent sans salaire. L'église Saint Séraphin apporta sa modeste obole pour les aider en distribuant 22 colis de denrées alimentaires, 14 bons pour des repas et en donnant pour 6 cas des aides financières.
Dans un des rapports du père recteur D. Troïtski à l'Assemblée Générale de la Paroisse (15- 7- 1934) sont cités trois cas où la miséricorde divine s'est manifestée à des gens pieux après qu'ils aient adressé des prières à saint Séraphin de Sarov.
1 - Une dame (Lydia Ivanovna Birioukova) occupée du matin au soir par son travail ne trouvait pas la possibilité, même de temps en temps, de venir dans la maison de Dieu. L'archiprêtre D. Troïtski lui en fit une fois le reproche. Quelque temps plus tard, elle vient le voir, toute joyeuse, et lui dit : « Après vos reproches, père Dimitri, « je suis allée dans votre église et j'ai prié devant l'icône de Saint Séraphin de Sarov, et puis, fatiguée, je suis rentrée chez moi, à Clichy. Quelques jours plus tard» continue L.I. Birioukova, « je fais un rêve, je me vois dans votre église sur la gauche et je prie devant la même icône. Et puis je vois que le mur contre lequel se trouve l'icône disparaît quelque part, et il ne reste plus que le visage du Saint, vivant, affectueux, et il me chuchote : »merci à toi pour cela, et merci aussi pour cette petite prière ». « Et voilà, les larmes de joie que vous voyez sur mon visage m'ont forcée à venir vous voir aujourd'hui et à vous raconter ce merveilleux apaisement de mon âme».
2 - Un samedi, dans notre église, se trouvait le célèbre écrivain I. S. Chmelev et après la liturgie, il raconta à de nombreuses personnes l'extraordinaire visite qu'il eut par la grâce de Dieu. Il tomba malade, les médecins décidèrent de l'opérer et l'on attendait seulement qu'une radioscopie soit faite au préalable. Après avoir reçu les négatifs, I. S. Chmelev avait l'intention d'aller voir les médecins le lendemain matin. Et le voila qui fait un rêve et voit, écrit en grosses lettres sur sa radioscopie « Saint Séraphin ». Ces deux mots se transformèrent chez le médecin en un diagnostic médical : « aucune opération n'est nécessaire ». Avec des larmes de joie, I.S. Chmelev pria devant l'icône de saint Séraphin et confessa son pieux espoir en l'aide divine grâce aux prières du vénérable saint Séraphin.
3 - Oh petit garçon de neuf ans, Igor Mourine (?), a la suite d'une angine eut une complication dans les reins. Il était soigné par le docteur Khmelevski et ensuite par le meilleur spécialiste français, un professeur. L'enfant, d'après le diagnostic des médecins, faisait une crise d'urémie et se mourait. L'analyse de son sang indiquait alors qu'il avait 62 % d’urine dans le sang et seulement 38 % de sang pur. Une telle proportion signifiait un état désespéré, mortel dans tous les cas. Les médecins en informèrent les parents, et le docteur Khmelevski, comme pour les réconforter, leur conseilla d'aller prier saint Séraphin. Les parents vinrent à l'église, prièrent le Serviteur de Dieu, reçurent une icône du Saint des mains du père Recteur. Quelques jours plus tard, les parents revinrent à l'église et racontèrent que tout danger pour leur fils était écarté et que les médecins ne pouvaient absolument pas comprendre la cause de cette guérison en bonne voie.
Avec le changement de situation et de régime en Russie, les Russes, pour la plupart, auront sûrement envie de retrouver leur Patrie. Les petites églises russes, privées d'une grande partie de leurs paroissiens qui étaient leur soutien matériel, vont donc être obligées de fermer successivement. Tel est, sans doute, le sort qui attend l'église Saint-Séraphin.
Si cette heure est effectivement arrivée, alors l'auteur de ces notes, de même que le défunt père Recteur, Archiprêtre D. Troïtski, souhaiterait que l'église Saint-Séraphin-de-Sarov soit transportée dans une petite bourgade de Russie, autant que possible dans toute son intégrité, sans qu'on lui fasse subir un démantèlement………
M. Lioubimov
Ancien premier marguillier
Décembre 1941
L'archiprêtre D. Troïtski (1886-1939)
Est né le 25 mars 1886 /.../
A terminé le séminaire de Samara et les Cours Pédagogiques Supérieurs.
1909 - Est ordonné diacre et prêtre.
I918 - Exerce la fonction de prêtre à Samara et y enseigne en même temps à l'école diocésaine de jeunes filles et au Collège de la ville.
1918- 1919 - Aumônier du 2e Régiment des Cosaques d'Orenbourg (devenu par la suite le 19 e) puis aumônier de la 4e division des Cosaques d'Orenbourg (avant l'évacuation)
1920- Recteur de l'église et catéchiste du Corps des Cadets du Don.
1921-I922- Archiprêtre surnuméraire à Nice.
1923 - Recteur de l'église de Tehel (Allemagne).
I924-I925 Recteur de l'église d' Alexandrovac (Yougoslavie).
1926-I927 - Recteur de l'église de Colombelles (France).
1927-I932 Recteur de l'église de Sainte Geneviève des- Bois (France).
1932 - Recteur de l'église des Gallipoliens. (Paris).
I933-I939 - Recteur de l'église Saint Séraphin de Sarov. (Paris).
MINISTRES SACRES
Ayant célébré des offices dans l'église Saint Séraphin :
Son Eminence le Métropolite Euloge
Monseigneur Alexandre, Archevêque de Belgique
Monseigneur Serge, évoque de Prague
Archiprêtres
Le père N. Sakharov
Le père G. Florovsky (fut un certain temps surnuméraire dans l'église)
Le père I. Lieliouknine
Le père I. Titov
Le père 0. Palmine
Le père V. Lioubimov
Archimandrites
Le père Nicon (Grevé)
Le père Cyprien (Kern)
Le père Alexis (Niedochivine)
Prêtres
Le père Victor Youriev
Le père K. Zambrjitski
Le père A. Tchekan
Le père B. Stark
Le père D. Klepinine
Le père 0. Boldyrev
Le père P. Birioukov
Le père G. Serikov
Le père Fedor Astrov ( fut rattaché à l'église)
Hiéromoines
le père Cyrille (Choumski)
le père Savva Chinkevitch
le père Serge (Irtel)
le père Eftime (Vend)
Protodiacres
le père Nicolas Tikhomirov
Diacres
le père p. des le père V. Ouvarov
le père N.N.Alexeiev
Ministres mineurs
Sous-diacres
I. T. Tischenko
A. T. Boutkevitch
Marguilliers
M.K. Lioubimov 1 - 7 - 1933 / 31 -I - 1937
B.N. Vtorov 31 - 1 - 1937 / 19 -3 - 1939
G.A. Kalemine 19 - 3 - 1939 / .. - 2 - 1940
(En fait V.A. Neroslev )
Chefs de choeur
G. A. Varenova – 1/ 7 /1933 /... 3 - 1937
Volokhine
Dolski - 3 - 1937 / 1940
Volïchenko
Le Conseil Paroissial
Président archiprêtre le père Recteur Archiprêtre D. Troïtski. 1 - 7 - 1933 / - 10 -1939
Vice-présidents A.I. Bbgaievski. 1 - 7 - 1933 / - - 1935
A.V. Tcheriatchoukine. 1935 jusqu'à nos jours.
Les membres du Conseil
I.G. Akoulinine 1-7 -1933 jusqu'à nos jours G.G. Chkliaver I- 7- 1933 jusqu'à nos jours]
N.V. Globa- 1 - 7 - 1933 / 1935 K.M. Orlov - 1 - 7 - I933/ 1935
V.A. Ochmianaki - 1 - 7 - I933/ 1934 Baron N.A.Tipolt - 1934 / 1936
A.G. Popov - 1 - 7 - I933 /I935 N.A. Taskine - 1936 jusqu'à nos jours
V.E. Rouban - 1 - 7 - I933 / I935 A.A. Titov - 1937
B.I. Khorochkhine - 1 - 7 - I933 / 1936 A.A. Sokolov – 1937
Commission de Control
A.V. Tcheriatchoukina - 1 - 7 - I933 / I935 V.A. Karpov - 1 - 7 - I933 /I936
S.S.Davydov - 1 - 7 - I933 / 1938 A.A. Zenkovski - I935 /I939
D.A. Dmitriev - 1937 / I939 I..V. Khabaiev - 1937 / 1938
Bilans de l'église
Recettes Dépenses
1933 (pour 6 mois) 20.835 20.560
1934 ............................. 32.784 ............... 41.390
1935 ..... ....................... 51.129 ............... 50.453
1936 ............................. 47.616 ............... 47.378
1937 .............................'38.522 ............... 38.522
1938 ............................. 42.649................ 42.649
1939 ............................. 37.893 ............... 38.616
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Membres du clergé et de la paroisse décédés
Le père Recteur Archiprêtre D. Troïtski.
Le prêtre Fedor Astrov
Le sous-diacre I.T. Tyschenko
A.P. Bogaievski
E.I. Fedorova
N.V. Globa
A.G. Popov
M.A. Taskina
B.P. Khorochkhine
M.N. Guermanova
A. M. von Koch
M.V. Bogaievskaia
M.A. Vassilieva
N.I. Goutchkov
N.N. Somov
E.A. Tiran
la.V, Khabaiev
K.F. Vassilienko
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